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Citroën … bientôt son musée ?
En région parisienne, le site d'Aulnay abrite plus de 400 modèles retraçant l'histoire de la marque fondée par André Citroën. Pour l'instant réservé à des groupes triés sur le volet, Citroën réfléchit aux moyens d'ouvrir davantage ce patrimoine au public.
On y trouve la six cylindres produite vers 1930 ayant appartenu à Sacha Guitry, la DS 21 noire de Michel Debré alors ministre des Armées, non loin d'une autre DS présidentielle d'apparat démesurée (6,53 mètres de long), carrossée par Henri Chapron, avec laquelle le général De Gaulle a accueilli Richard Nixon à Orly : le conservatoire Citroën est une mine pour amoureux de belles carrosseries françaises.
Situé en bordure de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, au nord de Paris, le bâtiment de 6.500 mètres carrés inauguré en 2001 et qui abrite plus de 400 autos anciennes de la marque aux chevrons, est déjà trop petit. A tel point qu'un autre bâtiment plus discret, à l'autre bout de l'usine, sert de réserve pour une partie des modèles.
« Au départ, il s'agissait juste d'un lieu de stockage, pour des voitures qui était précédemment éparpillées sur plusieurs sites, notamment un sous-sol de la rue Vasco de Gama, dans le 15e arrondissement de Paris », raconte Denis Huille, le responsable du conservatoire. « Et puis nous avons eu beaucoup de demandes de collectionneurs, et avons commencé à faire des visites fin 2004, à des groupes et sur rendez-vous. Le vrai déclic a eu lieu en 2005 avec les 50 ans de la DS ».
Des contacts avec quelque 53.000 collectionneurs
A force d'élargir l'audience aux clubs, à des partenaires ou à la presse, la fréquentation a atteint 2.300 personnes en 2009, et plus de 3.300 sur les onze premiers mois de cette année. Une goutte d'eau, certes, face aux grosses scénographies mises en place chez eux par les Allemands Volkswagen, BMW ou Daimler-Benz, mais qui pousse Citroën à réfléchir, pour la suite, à l'éventuelle création d'un vrai musée. « Nous sommes en période de réflexion, autour de plusieurs pistes », observe Denis Huille sans les détailler.
En région parisienne, berceau de l'automobile française, personne n'a créé un musée digne de ce nom. Peugeot a certes agrandi en enrichi son site de « l'Aventure Peugeot », mais le public doit se rendre jusqu'à Montbéliard. Passer en « vrai » musée suppose des moyens très différents de celui du conservatoire, ne serait-ce qu'en termes humains, avec des guides dédiés.
En attendant, la marque est déjà en contact avec quelque 53.000 collectionneurs du monde entier, représentant quelque 100.000 voitures anciennes. Lesquels peuvent acquérir une attestation officielle auprès de l'établissement, grâce à un trésor précieusement conservé : les mains courantes de production de chaque usine, rédigées à la plume, qui permettent de retrouver le jour et le lieu de fabrication de chaque véhicule, de 1919 à 1980.
Pour la partie archives, qui va des brochures commerciales aux esquisses des designers crayonnées à la main, le conservatoire a collectionné des éléments auprès des filiales du monde entier (Argentine, Russie, Belgique...), car en France, beaucoup de choses ont été jetées. Pour les véhicules proprement dits, chacun a son histoire, résumant une riche trajectoire de 90 ans. Denis Huille n'est pas peu fier de présenter la Type A, la première voiture commercialisée par André Citroën (1919), la B10, premier modèle tout en acier, donc exempt de bois (1925), ou la Rosalie « à moteur flottant » (1933), la dernière propulsion de la gamme avant l'apparition de la célèbre Traction...
Le site abrite encore la plus ancienne DS connue à ce jour (1955), ou encore la dernière 2CV assemblée à Levallois en 1988. Et à côté des voitures strictement de série, dont certaines roulent encore aujourd'hui sur les petites routes de campagne, Aulnay compte aussi de vraies bizarreries, comme une GS à moteur rotatif (un flop commercial à l'époque), ou une SM « laboratoire » trafiquée pour rouler à plus de 280 à l'heure... Elles côtoyent des tentatives sans lendemain, comme une sorte de Jeep camouflée présentée aux pays émergents sur une base de Méhari, un tracteur agricole de l'après-guerre ou un hélicoptère unique ayant aligné 100 vols d'essais.
Le conservatoire abrite enfin des générations de concept-cars, plus ou moins baroques et plus ou moins aboutis, présentés dans divers salons pour tester les réactions du public. On y reconnaît notamment les ancêtres de la CX, de la C3 Pluriel ou de l'actuelle C6. Pour diverses occasions, les voitures sortent du site, comme cette DS Pallas expédiée sur le stand Citroën au dernier salon de Pékin. « Nous voulons utiliser la collection comme un vrai outil de communication », commente son responsable.