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Fils d'un diamantaire hollandais, émigré à Paris en 1873, et d'une mère Polonaise originaire de Varsovie, fille d'un négociant en pierres précieuses, André Citroën suivra un cursus scolaire remarquable qui s'achèvera par l'Ecole polytechnique. Le suicide de son père, quand il avait cinq ans, marquera ses années de jeunesse.
Découvrant, lors d'un voyage avec sa famille en Pologne en 1900, un procédé permettant de produire des engrenages à doubles chevrons à moindre coût, il achètera le brevet et créera une petite entreprise de mécanique qui comptera une dizaine d'ouvriers sept années plus tard. Appelé au chevet de la société automobile Mors en difficulté, il participera à son redressement entre 1907 et 1914, lui permettant de décupler son chiffre d'affaires. Il partira ensuite à Detroit afin d'étudier le mode de production à la chaîne mis au point par Frederick W. Taylor et adopté par Henry Ford pour le modèle T.
Lieutenant au deuxième régiment d'artillerie lourde à Metz en août 1914, André Citroën tentera de réunir des fonds afin de construire une usine, sur le Quai de Javel, destinée à la fabrication d'obus qui faisaient cruellement défauts aux troupes françaises. Il proposera en janvier 1915 au général Baquet, directeur de l'artillerie, de construire en trois mois une usine capable de produire quotidiennement de 5 000 à 10 000 obus de type 75. Le ministre, septique, lui accordera un marché d'un million d'obus. Les treize mille ouvriers produiront vingt-trois millions de munitions durant les quatre années du conflit. Ce succès ne permettra pas de rembourser les emprunts. L'entrepreneur embauchera, dès 1916, le brillant ingénieur Jules Salomon qui dessinera une voiture populaire type A, lancée trois années plus tard comme "la première voiture française de grande série". La 5HP "Citron", produite à partir de 1922 à plus de 90.000 exemplaires en trois ans, sera remplacée par la première voiture tout en acier, la B14. Viendront ensuite les C4 et C6. Innovateur en matière de publicité et de marketing, Citroën participera aux croisières jaunes, noires et blanches. Il illuminera de son nom la Tour Eiffel de 250 000 ampoules, en 1924.
La concurrence avec Louis Renault éclatera en 1933, quand ce dernier l'invitera à visiter sa nouvelle usine. Citroën fera bâtir, en 6 mois, une cathédrale de verre et d'acier pouvant produire 1000 voitures par jour. La PV, surnommée ultérieurement "traction avant" sera produite dans ces installations ultramodernes. Le nouveau système de traction, mis au point par l'ingénieur André Lefebvre, constituera l'une des ruptures technologiques majeures de la production automobile. Les premiers défauts de fabrication de ce modèle, l'endettement colossal et la passion d'André Citroën pour le casino mettront en péril la société.
Michelin, le principal bailleur de fonds, lancera un immense plan de restructuration qui entraînera la faillite de l'entreprise. Un petit créancier portera plainte pour récupérer ses 60.000 Francs en février 1934. L'entreprise Citroën sera mise en liquidation judiciaire le 21 décembre. Le gouvernement proposera à Michelin de reprendre l'affaire, qui devra sauver l'emploi des 250.000 ouvriers et calmer les 1500 créanciers et milliers de petits porteurs. André Citroën quittera son bureau en 1935. Il décédera six mois plus tard d'un cancer de l'estomac. "Que serions nous devenus sans vous ?" lancera Louis Renault à son pire ennemi, dont le corps était transporté dans un véhicule qui ne portait même pas son nom. La traction permettra à Michelin de déclarer 18 millions de bénéfices en 1936.